 Avant d’aller mon chemin, je veux un peu considérer ce premier compagnon du marcheur, le chemin lui-même, en personne, si j’ose dire, qui m’intimide et me rassure tout ensemble ; je veux un peu considérer ce qui le fonde en ma pensée rêveuse, ce qui de lui va par mon œil jusqu’à mon cœur et mon esprit, et puis descend jusqu’à mes pieds. Ensuite, et seulement ensuite, je m’en irai. Il faut donc résister pour l’instant à la dynamique adolescente du futur. J’irai, je m’en irai. C’est le futur fugueur de Rimbaud : « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers », élan trop vite retombé dans l’imparfait : « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées… » Ne pas se jeter les yeux fermés dans le chemin ; s’y projeter sans doute, mais d’abord regarder où l’on met les pieds. |